L’intervalle fait d’inconnu
ou la relation que l’on entretient avec son for intérieur et le monde qui nous entoure.
J’aime le mot intervalle. Il désigne un espace ou un ensemble entre 2 points que ce soit des sons, des hauteurs, une distance.. Ce mot nous met en présence de cet équilibre entre le concret: les repères clairs et définis comme peuvent l’être nos projets, nos envies, les objectifs que l’on s’est fixé, et la perception de cet espace intermédiaire fait de mystère et de curiosité dans lequel on évolue. Cet intervalle c’est cet écart entre ce que l’on veut et là où l’on est, entre ce que l’on imaginait et ce que la vie amène sur la route. C’est un espace de création, de composition.
Autant cet intervalle peut être composé de silence autant c’est aussi dans cet espace que volent comme des grains de poussière, des sortes de météorites faites de peurs et de peines. On appelle cela facilement des embûches, celles qu’on voudrait oublier, qui piquent sur la peau, qui pincent dans le cœur ou nouent le ventre. Quand ces désagréments arrivent, ils se traduisent par toute sorte d’efforts dans le corps et obsèdent notre attention dans la même direction. C’est alors le meilleur moment pour respirer à plein poumons, regarder autour de soi, et faire appel à ce que l’on ne connait pas. Nous sommes en plein dans cet espace de composition.
Le corps est un espace mystérieux qui détient une sagesse tout comme la nature nous enseigne la vie quand on l’écoute. Plus on se familiarise avec cette écoute en soi plus on peut regarder les embûches comme des opportunités pour s’enrichir même si de premier abord on ne le vit pas comme cela. J’ai adoré une interview à la radio d’un grand botaniste de la forêt tropicale, Francis Hallé, le dessin est la technique qu’il emploi et qu’il préfère à la photo car il lui faut au moins 3 heures et dans ce temps là, il fait connaissance avec l’arbre. L’arbre lui enseigne comment il communique avec les autres arbres, comment ils se préviennent des dangers, etc… Le temps et l’attention qu’il porte alors est une rencontre qui aiguise son esprit à l’intelligence de ce monde floral et bien plus encore… Son savoir lui permet juste d’apprendre à regarder, à tenter de saisir la diversité et la richesse du monde et d’approfondir la place qu’il prend au sein de cet ensemble.
Nous cherchons à maitriser notre image, nos résultats, etc.. et oublions que nous composons toujours avec de l’inconnu. Il se défini par des choses agréables et moins agréables. Cela fait partie de l’équation du vivant. L’une et l’autre sont des occasions de puiser dans des ressources inattendues, d’être au contact de sa propre richesse et de celle qui nous entoure.
Certaine personne ont le besoin de quadriller ou d’anticiper tout selon des critères bien définis tandis que d’autres sont ouvert à tous vent et ont du mal à savoir ce qu’ils veulent, navigue dans le flou.
Peut importe que l’on ait besoin d’apprendre à desserrer la bride ou au contraire à la tenir plus fermement, l’essentiel est de savoir où porter son attention pour maintenir son équilibre. Une partie de ce que j’enseigne dans mes séances est cette écoute qui permet de moins s’attacher à la peur pour penser avec son corps dans ce qu’il offre de richesse et de sagesse nécessaire pour composer sa vie.
Nous avançons avec ces inconnus et c’est cela qui va faire la différence dans le plaisir à vivre son chemin. Chaque chose à sa part d’ombre et d’inconnue qui sont des portes pour se connaitre, faire ses choix et s’épanouir.
PS/ voici le lien pour écouter cette très belle émission aux différents regards poétiques et politiques sur la forêt.