Être attentif au seuil
Les mots sont des portes qui définissent des espaces intérieurs et imaginaires. Ils créent un monde et un espace de pensée vivant, qui connecte le dedans, le dehors et alimente l’un l’autre. Ils nous relient au réel ou nous en éloignent quand ils appuient sur le même bouton, répètent la même expérience. C’est pourquoi, je choisis de débuter cette lettre mensuelle en m’appuyant sur un mot pour traverser les expériences et perceptions qu’il nous propose. Ouvrons une large porte sur ce mot: Seuil, dont la définition exacte suit, puisque nous sommes au seuil de la rentrée. Peut-être même êtes-vous au seuil de quelque chose de plus précis dans votre vie. … ?
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Partie inférieure de la baie d’une porte, pouvant former feuillure et/ou emmarchement.
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Entrée d’une maison ou zone avoisinant la porte d’entrée : Vous franchirez ce seuil.
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Ce qui constitue l’accès à un lieu, le début de ce lieu : Au seuil du désert et de l’oasis.
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Limite, point, moment au-delà desquels commence un état, se manifeste un phénomène :
Entre hier et aujourd’hui
Laissez-vous conduire par ce mot et tout d’abord visiter et valider les différents seuils que vous avez franchi, les uns joyeux et le pas allant, les autres dont les larmes ou la sueur ont permis de raviner le chemin sous les pieds pour le voir et l’emprunter. Poser son empreinte pour faire le prochain pas. Vous en souvenez en vous ? Percevez-vous quel sera le suivant?
Il résonne aussi dans l’expérience de la limite avec laquelle nous avons constamment besoin de prêter attention que cela soit envers soi: La limite de ce que je ne veux plus, ne veux pas. Ou encore dans la délimitation de ce que je désire et ainsi ouvre l’espace dans lequel je vais faire, bouger, créer, rencontrer.
Et bien-sûr dans le lien aux autres, à l’autre, à ses enfants. Chaque rencontre nous pousse, par ces joies, ses difficultés ou incompréhensions, ses ruptures, à plonger en soi et évoluer . L’image de soi se pixelise sur l’eau troublée des ondes que créent nos mouvements. Dans ces remous, laissez-vous vos représentations s’effacer pour faire place à ce qui vous anime sincèrement, à l’autre et au partage?
Il y a des seuils qui nous amènent devant un mur. Respirez profondément, fermez les yeux, et touchez la paroi de vos mains, de tous vos sens, votre conscience s’aiguise et votre cerveau s’allume par ces nouveaux tracés électriques que réveille votre corps. Respirez encore plus profondément si les sensations sont désagréable, le nouveau a parfois un gout étrange, restez curieux. Déjà, dans ce corps à corps, vous commencez à bouger et danser avec la paroi qui révèle son grain, sa texture et se transforme. Le passage s’affranchi et s’enrichi . Et si le seuil où vous vous trouvez aujourd’hui ouvre sur un vide, un plateau à perte de vue, un paysage brumeux ? revenez à vos pieds. Respirez. Que dites-vous de décrire ce mur ou ce vide mais aussi la sensation physique en vous ? Le ventre se serre? Serrez gentiment un peu plus fort et relâchez, respirer, sentez le poids de votre corps.
Nous avons tous un seuil qui nous fait basculer du confort à l’insécurité. quel est le votre en ce moment? Que cela soit par une expérience inconfortable ou bonne, amener votre attention sur les sensations dans votre corps, traverser un seuil peut-être très facile ou bien désagréable. Revenir au corps vous permet de discerner l’expérience du passé de celle, présente, qui pivote pour rencontrer les multiples facettes et germes en vous et que seul la conscience de vos expériences permet de découvrir.
Une beau mois de Septembre à vous!
Esther Cohen